dimanche 29 juin 2008

Le tourisme durable, défi numéro un de l'industrie du voyage




Avec 1,6 milliard de touristes prévus en 2020, la première industrie de la planète commence à se préoccuper de son impact sur la nature et les cultures locales: le concept d'un tourisme durable, respectueux de la nature et des hommes, fait timidement son chemin.

Parcourir la forêt tropicale du Costa Rica, séjourner dans des cases en pleine brousse au Sénégal, partager la vie des moines dans un temple bouddhiste en Chine... de plus de plus de touristes cherchent l'immersion totale, loin des foules.

Les géants de l'industrie touristique mondiale ont commencé à exploiter le filon du tourisme durable qui n'est plus l'apanage de militants «écolos» ou tiers-mondistes, et multiplient les campagnes de marketing «vertes».

«A présent, il y a 80% de communication et 20% de réalité dans ces discours, le but c'est d'inverser ces proportions dans dix ans», commente Jean Viard, sociologue spécialisé dans le tourisme.
Quant aux voyageurs, le tourisme durable «reste marginal, cela concerne environ 2% d'entre eux, mais il y a une forte progression», constate Pascal Aguillon, fondateur de l'Association française d'écotourisme.

«Au début, c'est un marché de niche comme dans l'automobile où la Toyota hybride est à la mode chez les bobos. Mais les élites favorisent l'émergence d'un marché qui sera ensuite petit à petit démocratisé», juge M. Viard.

Le secteur risque de «scier la branche sur laquelle il est assis» s'il ne limite pas les effets dévastateurs des voyages de masse sur la planète, ont prévenu les experts de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT).

«Le tourisme est la fois victime et responsable du réchauffement climatique, il contribue pour près de 5% à l'émission des gaz à effet de serre», estime son président, Francesco Frangialli.

Les neiges du Kilimandjaro auront fondu au plus tard en 2020 et des îles des Maldives seront englouties par les flots: le changement climatique menace directement le fonds de commerce du tourisme.




La croissance vertigineuse du secteur, qui ne comptait que 25 millions de touristes internationaux en 1950, pourrait conduire à une augmentation de 150% de ses émissions de gaz à effet de serre dans les 30 prochaines années, selon l'OMT.

A l'ère de l'explosion des compagnies low cost, près de la moitié des 898 millions de touristes qui ont sillonné la planète en 2007 ont opté pour l'avion, responsable de 40% des émissions de CO2 engendrées par le tourisme.

Précurseur de la démocratisation des voyages en France, Nouvelles Frontières redoute qu'«avec l'envolée des prix du pétrole, prendre l'avion redevienne un luxe», selon son PDG Jean-Marc Siano.

Epuisement des ressources naturelles, travail des enfants, prostitution, abandon des cultures traditionnelles: la démocratisation des voyages dans les pays du Nord a fait des ravages dans les pays du Sud.

Ressource : Le Parisien.fr

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